Le mois dernier, nous étions à l’hôpital pédiatrique de
Limoges pour des représentations de
"Bibeu et Humphrey", des
visites dans les chambres et des ateliers clown avec les enfants. Retour sur une
semaine peu ordinaire, très riche en rencontres et en émotions
Dès notre arrivée, nous avons monté notre yourte sur le parvis de l’hôpital, affirmant ainsi d’entrée la présence de Bibeu et
d’Humphrey dans les lieux. Au cours de la semaine nous y avons joué cinq
représentations, pour les enfants hospitalisés, leurs frères et sœurs et leurs
parents, mais aussi quelques seniors de l’ephad voisin. L’espace exigu de la
yourte a, de fait, beaucoup renforcé le caractère intimiste du spectacle. Et si
les représentations étaient très perturbées - allées et venues d’enfants qui avaient rendez vous pour des soins, curieux qui venaient nous rejoindre en
cours de spectacle… - paradoxalement ces événements qui auraient pu être
intempestifs sont venus renforcer l’intensité du spectacle, grâce à cette
possibilité qu’ont les clowns d’exploiter le moindre "accident" pour
nourrir le rire ambiant. Bref, des représentations hautes en couleurs,
particulièrement uniques et intenses.
Bibeu et Humphrey sont également allés rendre visite aux
enfants qui ne pouvaient pas quitter leurs chambres. Là encore, ce sont des
moments très forts que nous avons vécu, avec les enfants mais aussi avec leurs
parents (ce à quoi nous nous attendions moins). Nous avons pu y développer des
moments d’improvisations allant de la douce berceuse au punk le plus débridé.
Entre autres, nous garderons longtemps dans nos têtes, ces dix minutes
d’improvisation musicale avec cette petite autiste qui jusque-là ne
communiquait pas avec le personnel de l’hôpital (Bibeu à l’accordéon, Humphrey
à la clarinette et elle au banjolélé).
Les ateliers nous ont permis de rencontrer autrement les
enfants et les ados, en leur permettant de s’évader d’une autre manière. Là
encore de beaux moments de partage.
La force de ce projet tient certainement au fait qu’il avait
été très bien réfléchi en amont par l’équipe de l’hôpital (Stéphanie Thurillet en
tête – infirmière initiatrice du projet -) et par le Sirque de Nexon, spectacle
+ visites + atelier, rendant le projet complet et pertinent. L’appui des
blouses roses (qui se sont investies financièrement et humainement) est aussi à
souligner.
Pour nous, il ressort de cette expérience une espèce
d’évidence. Si l’hôpital et les clowns - et plus généralement le spectacle -
sont a priori deux univers à mille lieues l’un de l’autre, ils se
nourrissent mutuellement. L’hôpital est un lieu dans lequel on ne vient pas
pour rire, mais le rire est humain et vital, si bien que dès qu’on l’y
convoque, il ne se fait pas attendre, et est d’autant plus fort.